MESSAGE DE LA COMMISSION ÉPISCOPALE JUSTICE ET PAIX RWANDA,Kwibuka31.
MESSAGE DE LA COMMISSION ÉPISCOPALE JUSTICE ET PAIX DE LA CONFÉRENCE DES ÉVÊQUES CATHOLIQUES DU RWANDA À L’OCCASION DE #KWIBUKA 31
« En toute humilité, douceur et patience, supportez-vous les uns les autres avec charité, appliquez-vous à conserver l’unité de l’Esprit par le lien de la paix » (Eph 4, 2-3).
Chers frères et sœurs dans le Christ,
Nous vous saluons et vous invitons tous à nous rassembler dans l’acte de commémoration pour la 31ᵉ fois des vies innocentes perdues dans le Génocide contre les Tutsis au Rwanda en avril 1994. Il y a déjà 31 ans que cette tragédie a eu lieu dans notre pays, revendiquant plus d’un million de vies et causant d’immenses destructions. La commémoration de cette année coïncide avec la période du Carême qui nous rappelle la souffrance et la mort de Jésus-Christ, notre Sauveur. C’est un moment pour nous, chrétiens, de réfléchir sur la croix du Christ, source de notre salut. Nous voudrions tout d’abord nous unir à toute la communauté rwandaise et d’une façon particulière avec les survivants du Génocide contre les Tutsis en avril 1994, en leur disant : « soyez forts, courage ».
En nous souvenant du mal qui a marqué notre histoire, nous regardons aussi en arrière pour admirer la force des Rwandais dans la reconstruction de la communauté et le redressement de la nation sur le chemin de l’unité, de la réconciliation et de la résilience. C’est une histoire douloureuse qui devrait nous laisser une leçon profonde selon laquelle ceux qui s’unissent pour bâtir ne doivent jamais perdre espoir. L’Église Catholique au Rwanda, à travers ses services, notamment la Commission Justice et Paix, a inlassablement contribué au processus de l’unité, de la réconciliation et de la résilience. La Commission Justice et Paix accompagne ceux qui s’engagent à demander pardon. Elle continue d’exhorter ceux qui ont participé au génocide contre les Tutsis en avril 1994 à demander pardon, tout en encourageant les survivants à accorder le pardon afin que la communauté rwandaise puisse se reconstruire progressivement. Le pardon est un baume nécessaire pour guérir des cruautés de l’histoire, nous permettant de regarder vers un avenir dans lequel nos descendants pourront prospérer dans une nation exempte de divisions.
La Parole de Dieu nous dit : « En toute humilité, douceur et patience, supportez-vous les uns les autres avec charité, appliquez-vous à conserver l’unité de l’Esprit par le lien de la paix » (Eph 4,2-3). Ce même Esprit nous aide à bâtir et à faire en sorte que ce que nous bâtissons dure et nous permette de vivre en paix. Quand les gens sont unis, aucun mal ne peut s’infiltrer et les diviser. Après ces 31 années, les Rwandais en général et les chrétiens en particulier devraient réfléchir à travers le prisme de l’unité. Dans sa prière, Jésus a prié pour que tous ceux qui croiraient en lui soient un désireux qu’ils atteignent une profonde unité : « afin que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et comme je suis en toi, afin qu’eux aussi soient un en nous, pour que le monde croie que tu m’as envoyé. Je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée, afin qu’ils soient un comme nous sommes un, moi en eux, et toi en moi, afin qu’ils soient parfaitement un, et que le monde connaisse que tu m’as envoyé et que tu les as aimés comme tu m’as aimé » (Jn 17, 21-23).
Cette année, l’Église est en train de vivre le double Jubilé, à savoir celui de 2025 ans de l’Incarnation du Christ qui nous a révélé Dieu le Père ; et le Jubilé de 125 ans de l’Évangélisation du Rwanda. C’est un moment merveilleux pour nous réjouir de ce que le Seigneur a fait pour nous ici au Rwanda. Mais c’est aussi un moment de rejeter loin de nous tout ce qui est contraire à l’Évangile d’amour qui pourrait nous ramener dans les ténèbres de la haine, de la violence et du meurtre. C’est pourquoi nous continuons à encourager les fidèles et toutes les personnes de bonne volonté à se défaire du cœur de malice et à lutter pour la paix et le calme aux fins de l’unité et de la résilience. En particulier, la jeunesse du Rwanda devrait ancrer fermement ses valeurs qui les aident à cultiver un esprit d’humanité. C’est la culture du bien, de la vérité et de l’intégrité qui permettra aux jeunes d’être utiles à leur pays. Les jeunes devraient également rejeter les attitudes de haine, de violence, de trahison et les idéologies négatives qui alimentent le génocide et le meurtre. Quand quelqu’un s’engage à être un esclave de telles attitudes dès son jeune âge, cela le conduit à manquer le but de la vie.
En cette période de commémoration et de prière pour les victimes du Génocide perpétré contre les Tutsis en avril 1994, nous espérons que les chrétiens s’inspireront des personnes héroïnes et justes, qui ont risqué leur vie pour sauver ceux qui étaient ciblés pendant le génocide, certains d’entre eux ayant même sacrifié leur propre vie. Ce sont les gardiens du lien de fraternité. Ils ont démontré que la fraternité et le cœur de compassion ne disparaissent pas même en temps de dure épreuve et d’adversité. Ces personnes héroïnes brillent comme la lumière dans nos cœurs et nous servent de modèles.
Il est également bénéfique que la culture de l’altruisme et la culture de la paix soient intégrées dans le curriculum scolaire afin que les jeunes grandissent avec des valeurs de paix, d’intégrité et d’altruisme. Un autre aspect qui nous concerne en tant que Rwandais est celui de comprendre que nous sommes tous frères et sœurs, que nous partageons bien de réalités et que nous sommes unis par un lien qui transcende tout ce qui pourrait nous diviser. Le lien de l’identité nationale est très fort. C’est une alliance qui nous permet de dépasser toutes nos différences.
Chers frères et sœurs,
En concluant ce message, nous réitérons notre proximité aux rescapés du Génocide perpétré contre les Tutsis en 1994, demandant à tous les fidèles de se faire proches de ceux qui souffrent de traumatismes et d’autres problèmes sociaux. Restons unis. Que la véritable identité chrétienne engendre en nous une authentique fraternité.
Nous vous confions à la Vierge Marie, Notre Dame de Kibeho.
+ Anaclet MWUMVANEZA
Evêque du diocèse de Nyundo et
Président de la Commission Épiscopale Justice et Paix Rwanda.